Il y a des groupes qui sont définitivement au-dessus du lot. Dès la première écoute, on se rend compte qu'Aarni est vraiment particulier, a quelque chose de plus. Le style pratiqué par nos 4 finlandais est très dur à définir : un doom fortement teinté de l'univers fantasmagorique de Lovecraft, des voix changeantes (claires, sussurées, graves mais jamais hurlées, juste parfois grognées), un son tantôt lourd tantôt faisant la part belle aux mélodies de guitares.
La guitare : voilà l'instrument principal d'Aarni, sous toutes ses formes : métal, acoustique, lourde, envolée, mélodique et que sais-je encore. Rarement j'ai entendu un premier album aussi inspiré à ce niveau, que ce soit dans les nombreux et longs solos (cadrant avec le rythme lent propre au doom) que dans les riffs inspirés. Aarni n'est pas étouffant : au contraire on pourrait même à certains moments le qualifier de véritable bouffée d'air frais : le magnifique instrumental "Kivijumala" de 11 minutes est à cette image. Une guitare ensorcelante et mélancolique, une basse dans la même veine, et une flûte enchanteresse. La première écoute est surprenante, la flûte semble un peu kitsch au début, mais on se laisse vite absorber par cet univers réellement à part. Tous les titres se distinguent, sont très différents, Aarni connaît bien l'art de la composition : l'imposant "Squaring the Circle", cette voix grave excellente, et cette basse pachydermique, l'atmosphérique "Quinotaurus" et son chant presque folk, la balade triste mais magnifique "V.I.T.R.I.O.L.", l'incursion blues à la fin de "Mental Fugue", ou l'étrange et lourd "Niut Net Meru" et sa voix comme s'il parlait en émettant des bulles (je vois pas d'autre façon de le décrire). Il y a vraiment de tout dans ce disque, et inutile de vous dire que l'ennui est bien loin. Tous les chants (au moins 5 différents) sont excellents, vraiment magnifiquement exécutés, en latin, finnois ou en anglais. L'amosphère créée est à l'image de la pochette : mystérieuse mais colorée, on lévite, on est seul mais on se sent merveilleusement bien. Evidemment, plusieurs écoutes seront nécessaires pour assimiler tous les bons côtés de cette perle, et on découvre de nouveaux éléments à chaque fois qu'on se le passe à nouveau, voilà entre autres la force des grands albums.
Difficile de décrire Aarni. La base est pas mal doom, mais n'en a pas la
lourdeur étouffante (la batterie n'est pas très massive) ni la souffrance.
Un peu comme si Unholy avait rencontré Electric Wizard en se disant "Et
si on essayait de faire jaillir tout le mystère et les mélodies caractéristiques
de la musique finlandaise". L'artwork est d'ailleurs bien sympathique, avec
un délire du groupe sous forme de questionnaire, et à la fin l'indication:
"After completion, tear off this page and bury it in a forested area near you,
one of our underground agents will contact you". En tout cas, un grand merci
à firebox pour révéler au grand jour un groupe aussi génial.
Ma sélection de fin d'année, assurément, jetez-vous dessus,
je suis sûr que jamais vous n'avez entendu un truc pareil.
18/20
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